À seulement 19 ans, la chanteuse londonienne Arlo Parks est déjà l’une des voix les plus prometteuses de sa génération. Discussion autour de son single « Hurt » et de sa prestation magique au Colors Show.
La voix d’Arlo Parks a tout du paradoxe: un timbre fragile et presque attendrissant, contrebalancé par la force des mots choisis. « Ces histoires et ces émotions viennent de ma propre vie, elles sont très personnelles », nous dit-elle. « J’écris ce que j’ai vécu et ce que je ressens, toujours. » S’auto-définissant garçon manqué timide et hypersensible durant son adolescence, Arlo est entrée dans l’âge adulte en signant un EP et un album coup sur coup -respectivement Sophie et Super Sad Generation– enregistrant les séquelles encore fraîches de cette période mouvementée. Entre rap, soul et spoken-word, elle évoque la possibilité de guérir et réconforte ceux qui traversent des moments difficiles sur « Hurt », dans le sillon de son magnifique et précédent single « Black Dog ». Dès le premier vers, elle remplit d’émotions la pièce vide du studio Colors, filtrant sa rage adolescente avec humour à travers sa voix d’or : « ils m’ont contacté pour me dire qu’ils étaient fans de mon travail, et c’était une belle session. Je me suis réellement amusée et faire le Colors Show était dans ma liste de souhaits depuis que je suis toute jeune. »
Celle qui fabriquait des histoires et créait des mondes fantastiques dans sa tête d’enfant se passionne aujourd’hui pour la littérature et la poésie moderne, revendiquant ses influences pour Nayyirah Waheed ou Hanif Abdurraqib. Une sensibilité à fleur de peau qui se ressent non seulement dans ses propres textes, mais aussi lorsqu’elle s’approprie des chansons déjà bouleversantes, transformant le classique « Creep » de Radiohead ou « Ta Reine » d’Angèle en balades minimalistes bouleversantes. Musicalement, si elle s’inspire du trip-hop de Portishead ou des génies urbains contemporains que sont King Krule ou Kendrick Lamar, elle avoue aussi se nourrir naturellement de ses racines nigériane, française et tchadienne : « être originaire de tant d’endroits différents m’a ouvert l’esprit, et écouter William Onyeabor, Fela Kuti et Ebo Taylor m’a définitivement inculqué un sens du rythme depuis mon enfance. » Alors que le rapport entre sa maturité musicale et son jeune âge semble déjà disproportionné, l’attente presque prématurée d’un éventuel second album est déjà immense. « Je pense que ma palette sonore s’est élargie », nous dit-elle, « j’ai exploré Nick Drake, DJ Rashad et Beach House, cet album sera un amalgame de beaucoup de choses mais restera naturellement sensible, à l’image de ma musique qui l’est déjà. » On a hâte.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site web de l’artiste.